Comment veux-tu qu’on tienne le coup, Seigneur, si tu dors quand nous avons peur ? C’est le monde à l’envers : tu dors, bien confortablement sur ton coussin, toi qui n’as pas de pierre où reposer la tête ! Bien sûr, je peux faire un joli commentaire de ce passage, montrant que Marc nous raconte à l’avance ta résurrection : tu dormais, les forces de la mort menaçaient de t’emporter, et avec toi l’Église, la barque ; et voilà que tu te réveilles, que tu te relèves, et leur intimes le silence.
Il s’empêche ! Combien de fois avons-nous l’impression que tu dors ! Ne serait-il pas temps de te réveiller ? La peur nous fait du mal. La peur grignote la foi et la confiance et que va-t-il en rester au bout du compte ? Voilà, tu le sais. Je n’aime pas être secouée par la tempête. J’ai le mal de mer. Je ne suis pas fichue, comme Pierre, de te rejoindre et de marcher sur l’eau. Je coule, moi, si tu dors pendant que la barque se remplit d’eau. Quand tu dors, j’ai peur que tu ne te réveilles pas. Ou bien trop tard. En fait, je ne sais pas si j’ai cette foi que tu réclames. Voilà, c’est dit. Si tu dors, ma foi est emportée par le vent.
Ne dors pas, Seigneur. La tempête est en moi. Calme-la comme tu l’as déjà fait la grande nuit où tu priais ton Père en l’assurant que tous tes amis, même ceux qui venaient de te trahir, avaient cru en toi (*). Calme-la en m’assurant que toi tu crois en nous, en moi. Emmène-moi dans ta sieste, le temps que passe l’orage. S’il te plaît !
Sœur Anne Lécu, extrait du site Dimanche 20 juin 2021 – Dimanche dans La ville (retraitedanslaville.org)