« Ils entrèrent à Capharnaüm. Aussitôt, le jour du sabbat, Jésus se rendit à la synagogue, et là, il enseignait. On était frappé par son enseignement, car il enseignait en homme qui a autorité, et non pas comme les scribes. »
Nous découvrons la manière d’agir de Jésus, et nous voulons le comprendre en profondeur pour entrer dans son mystère. L’action de Jésus nous révèle à nous-mêmes, elle nous appelle à prendre conscience de notre chemin, de notre manière de considérer les choses, et tout spécialement par rapport à nous-même. Notre façon de voir et de comprendre la réalité qui nous entoure est marquée par notre passé et par nos expériences. Cela est bien souvent inconscient ! Dès que des forces d’opposition entrent en mouvement, elles vont révéler ce que nous sommes. Ces forces d’opposition peuvent rendre impossible l’accès à l’œuvre de Jésus. Jésus est dans la synagogue de Capharnaüm, il enseigne avec autorité. Il y a dans l’assistance un homme tourmenté par un esprit mauvais qui se met à crier : « Que nous veux tu, Jésus de Nazareth ; Es tu venu pour nous perdre. » Le cri de cet homme, sous le joug du menteur, exprime le cri d’une humanité sous le joug d’un monde d’iniquité, et qui ne reconnaît plus ce joug. Seule, la vie de Dieu en nous, peut nous faire sortir de cet esclavage et nous purifier. Le combat spirituel dans lequel nous sommes engagés est rude, mais la lumière pointe à l’horizon, avec Jésus le Sauveur du monde.
« Or, il y avait dans leur synagogue un homme tourmenté par un esprit impur, qui se mit à crier : « Que nous veux-tu, Jésus de Nazareth ? Es-tu venu pour nous perdre ? Je sais qui tu es : tu es le Saint de Dieu. » Jésus l’interpella vivement : « Tais-toi ! Sors de cet homme. » L’esprit impur le fit entrer en convulsions, puis, poussant un grand cri, sortit de lui. Nous sommes tous tourmentés par des esprits qui sommeillent dans notre existence. Il ne faut pas grand-chose pour les réveiller, que quelqu’un de plus fort que nous vienne nous agiter et le combat naît aussitôt. L’action de Jésus consiste à nous rendre à nous-même. Il nous donne d’agir à partir de notre liberté. Jésus peut alors s’adresser à notre liberté renouvelée pour une union véritable avec lui. Cet homme tourmenté par un esprit mauvais crie : « Que nous veux-tu, Jésus de Nazareth ? Es-tu venu pour nous perdre. » Le pluriel indique la connivence entre cet homme et l’esprit mauvais qui lui fait dire « nous. » Les deux sont confondus ! C’est ainsi qu’est manifesté l’esclavage de cet homme. Qui parle ? l’esprit mauvais ? l’homme esclave de l’esprit mauvais ? La violence qui s’exprime, exprime cette difficulté d’identité la rendant manifeste : « L’esprit mauvais le secoua avec violence et sortit de lui en poussant un grand cri. »
« Ils furent tous frappés de stupeur et se demandaient entre eux : « Qu’est-ce que cela veut dire ? Voilà un enseignement nouveau, donné avec autorité ! Il commande même aux esprits impurs, et ils lui obéissent. » Sa renommée se répandit aussitôt partout, dans toute la région de la Galilée. Nous sommes appelés à ne pas juger trop vite les autres, à prendre le temps de les recevoir comme Jésus, de les comprendre dans ce qu’ils vivent, pour réaliser la parole qui nous est adressée à travers ce qui nous arrive. Le chemin que Jésus nous propose est le vrai chemin par lequel nous nous disposons à pouvoir lui répondre vraiment. La profondeur de l’esclavage de l’humanité est telle qu’il nous faut un Sauveur. Jésus est ce Sauveur au milieu de ses frères qui interpelle vivement cet homme mu par le menteur : « Silence, sors de cet homme. » Jésus fait la lumière en cet homme, il fait advenir en lui la liberté et l’amour. A la suite de Jésus, nous prions pour la libération du monde, nous voulons entendre ce qui nous est dit pour que nous puissions cheminer, à partir des capacités que Dieu nous donne, et dont nous usons librement. Nous connaissons la grandeur et la beauté de notre baptême. Nous avons été soustraits au monde d’iniquité dans lequel nous vivons, comme Moïse qui intercède sur la montagne pour son peuple. Nous voulons nous tenir dans la prière, pour que le règne de l’amour de Dieu se manifeste encore.
Extrait du site Père Gilbert Adam (pere-gilbert-adam.org)