Le sens de la fête :
Au terme du temps de Noël, la fête du Baptême du Seigneur vient exprimer la profonde communion entre Dieu et l’humanité.
Une fête liturgique moins connue que l’Epiphanie.
L’antienne du chant du magnificat aux vêpres de l’Epiphanie, indique que cette fête synthétise trois événements : « Nous célébrons trois mystères en ce jour. Aujourd’hui l’étoile a conduit les mages vers la crèche ; aujourd’hui l’eau fut changée en vin aux noces de Cana ; aujourd’hui le Christ a été baptisé par Jean dans le Jourdain pour nous sauver, alléluia ». L’Epiphanie annonce donc déjà le baptême du Christ, nous faisant dès lors faire un bond de… 30 ans !
Ainsi, nous sommes propulsés de « Jésus enfant » à « Jésus adulte ». Nous passons de la sphère « privée » autour de la Sainte Famille, des Mages, des Bergers et des Anges à la sphère « publique » qui correspond au « lancement » de la vie publique de Jésus, avec Jean-Baptiste, la foule des pécheurs venus se faire baptiser par lui dans le Jourdain.
Histoire du baptême
« On ne naît pas chrétien, on le devient » affirmait Tertullien, célèbre Père de l’Eglise (Apologie du Christianisme, chapitre 18). Premier sacrement de l’initiation chrétienne, le baptême est un moment essentiel dans la vie de tout chrétien, grand ou petit. Voici son histoire, des conseils pratiques pour le préparer, des textes pour mieux le comprendre.
Un mystère, trois sacrements
La vie chrétienne dure… toute une vie. On la rêve cohérente avec ses valeurs ou ses principes. L’Evangile nous dit qu’elle est, en réalité, le théâtre de toutes les conversions. Tertullien évoquait les signes et rites qui font des baptisés les membres d’un même corps. Le baptême en est un, mais il n’est pas le seul. On parle en effet des trois sacrements de » l’initiation chrétienne « . Aussi, évoquer l’histoire du baptême est impossible sans parler également de la Confirmation et de l’Eucharistie (ou » communion « ). Pourquoi ? Parce que parler d’initiation indique que l’initiative vient d’ailleurs que de nous-mêmes. On est toujours initié par un autre. Nous sommes initiés par Dieu, en quelque sorte. A quoi ? A une vie nouvelle centrée sur la résurrection du Christ, sur Pâques. On ne devient pas chrétien par le seul baptême, mais par l’entrée dans le Mystère pascal où Jésus ressuscité a donné sa vie, son Esprit, son Eucharistie.
Au commencement
Dès les origines, saint Paul le dit dans ses lettres, tous les fidèles sont baptisés, à commencer par lui. Les premiers chrétiens ont conscience d’obéir à une consigne du Christ lui-même : » Allez donc, de toutes les nations faites des disciples, les baptisant au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit » (ce sont les derniers mots de l’Evangile de Mathieu). Et, depuis le début, c’est l’eau qui est l’élément central de ce nouveau rite. Certes, on baptisait déjà au temps de Jésus. Et les rites d’eaux sacrées – bains ou étuves – étaient fréquents. Mais il existe une spécificité chrétienne : on ne se baigne pas, on est baigné par un autre. Et on l’est au nom du Christ.
IIe-XIIe siècles : vers le baptême des enfants
Puisque le baptême faisait entrer dans une vie nouvelle lavée de tout péché… On attendait bien souvent la fin de sa vie pour le demander ! Le plus célèbre exemple est celui de l’empereur romain Constantin. Mais, hors ces baptêmes in extremis, on demandait à être admis à la préparation au baptême. Cette préparation, le catéchuménat, se met en place à la fin du IVe siècle. Un fidèle chevronné se porte garant pour vous devant la communauté, et devient votre guide. On l’appelle du nom de sponsor, celui qui vous pousse ; ou encore du nom de père pneumatique ou spirituel (de pneuma, souffle en grec). Il est l’ancêtre du parrain. Baptisé, presque toujours lors de la nuit de Pâques, le fidèle est né de l’eau et de l’Esprit : il reçoit la grâce de l’Esprit saint. Cela est traduit par des gestes qui complètent le bain d’eau : onction d’huile ou imposition des mains. C’est en Gaule, au Ve siècle, qu’apparaît le terme de » confirmation » pour le don de l’Esprit célébré dans la foulée du baptême. Avec la christianisation, la proportion des adultes et des enfants s’inverse progressivement. Le baptême reste collectif. La communion conclut la célébration. On continue à célébrer la confirmation si l’évêque est là.
XIIe siècle : pour protéger la vie des enfants
A partir du XIIe siècle, on baptise les bébés. Pourquoi ? La mortalité infantile était effrayante depuis longtemps. Or la maladie n’en est plus la seule cause : pauvreté, famines, guerres : des parents en viennent à supprimer leurs nouveau-nés. Les évêques s’émeuvent. Les synodes réagissent et prescrivent le baptême. La conscience morale collective évolue. En parallèle la théologie aussi, et l’on veut faire bénéficier ces enfants qu’on entend protéger, de la grâce du sacrement dès que possible (quam primum). Les prêtres doivent dès lors enseigner à tout chrétien comment baptiser en urgence. On développe pour la même raison le baptême par effusion contre le baptême par immersion. Autrement dit, on ne baigne plus, on verse de l’eau sur le front.
XIIIe-XXe : variations sur » l’âge de raison «
La question se développe : à quel âge comprend-on bien ce qui se passe lors d’une célébration ? La réponse sera variable et dissociera les trois sacrements de l’initiation, jusqu’alors célébrés comme un tout, trois facettes d’un même mystère pascal. Au XIIe siècle, on retarde la communion à l’âge de » discrétion » – on dira plus tard de » raison » -, tout en faisant osciller celui-ci de 7 à 11 ans selon les lieux. Au XVIe siècle, on retarde la confirmation au même âge tout en la réservant toujours à l’évêque. Au XVIIe siècle, on veut faire coïncider réception des sacrements et années de catéchisme. Ce dernier s’est beaucoup développé car la Réforme protestante a poussé les catholiques à affiner leur enseignement. Ce premier caté commence à 7 ans et se termine vers 11-12 ans. En France, on va lier la communion avec la Profession de foi. Saint Vincent de Paul en est le grand promoteur. Au XVIIIe siècle, développement de la » raison » aidant, on fait passer la confirmation après la communion : » Afin d’être assuré que les enfants présentés seront suffisamment instruits.
Dernière étape significative, le XIXe siècle
En 1910, le Pape ravive la communion pour les petits car l’Eucharistie ne sanctionne pas le terme d’une formation mais témoigne d’une capacité à la responsabilité personnelle. La question n’est pas de » savoir « , mais de se préparer à recevoir un sacrement, à son niveau, mais avec fruit. C’est toujours l’âge de raison qui fait loi. Il est fixé par le droit canonique à 7 ans. On fait désormais à cet âge sa » première communion « . La profession de foi, elle, restant le reliquat typiquement français d’une pastorale locale car elle n’existe pas ailleurs.
Benoît Vandeputte (Panorama), extrait du site http://paroissesaintpons.e-monsite.com