Le riche, qui n’a pas de nom –peut-être pour que nous lui prêtions le nôtre– et le pauvre, appelé Lazare, sont des personnages contrastés. Le premier porte des vêtements de luxe, le second est couvert d’ulcères ; le premier fait chaque jour des festins somptueux, le second aimerait se rassasier de ce qui tombe de sa table.
Nourriture, vêtements, santé : leurs expériences humaines sont séparées par un abîme. Ils évoluent dans des mondes hermétiques. Pourtant, les deux hommes vivent côte à côte.
Couché devant le portail, Lazare est là, tout proche. Le riche connaît son nom, ils se sont croisés souvent, mais sans jamais nouer de relation. Seuls les chiens viennent s’occuper du pauvre.
La conversation ne commence qu’en présence d’Abraham. Elle révèle que le fossé est toujours là, insurmontable : le riche l’a emporté avec lui au séjour des morts. Aucune contrition, aucune demande de pardon. Pas même une parole au pauvre qui est là.
Seulement la préoccupation égoïste de son monde de riche. La nouveauté, c’est la claire vision de cet abîme qui sépare Abraham le vivant du séjour des morts. Le riche ressent la terrible souffrance causée par son bonheur passé et il voit la consolation accordée enfin au malheureux Lazare.
La parabole vient éclairer notre présent : le riche est l’exemple d’une cécité à ne pas suivre. Les distances qui nous séparent des pauvres ne sont pas des fatalités : nous pouvons les réduire. L’image de Lazare qui nous accueillera avec Abraham en est la promesse.