1er dimanche de carême : quel est donc le sens véritable de ma vie ?

Pour (bien) vivre, l’être humain doit trouver à concilier intérieur et extérieur, apprendre à articuler justement le « donner » et le « recevoir » en toutes ses dimensions existentielles : individuelle, familiale, sociale, politique, professionnelle, personnelle… Il en est ainsi notamment pour l’homme individuel, avec ce qui le constitue de prime abord, avec ses racines et avec ses ailes. Il se doit de rechercher un échange équilibré à ce double niveau. Les racines, c’est tout ce qui nous conforte dans l’être, nous sécurise, ce à partir de quoi nous prenons substance (nourriture, culture, appartenance, la terre et son humus…). Les ailes, c’est tout ce qui nous pousse à devenir nous-mêmes, à avancer, à innover (valeur, mission, appel, rencontre, le ciel avec ses nuages et ses vents). L’être humain est ce mélange indissociablement, de nécessité et d’appel, d’action et de passivité. D’où la fascinante beauté, la grande fragilité de tout homme…  

« Jésus fut conduit au désert ». Jésus, en assumant pleinement son humanité pour lui-même, nous introduit au chemin de vie. La manière dont Jésus a mené son existence est d’un prix absolument unique pour le croyant. Là se trouve, pour l’homme de foi, la lumière véritable. Aujourd’hui, en ce premier dimanche de Carême, nous pouvons découvrir dans cette scène de la tentation comment Jésus mène le combat spirituel pour demeurer fidèle à la pleine humanité en lui sur le plan individuel. Le combat pour chacun, quelque soit sa situation, passe d’abord par l’équilibre de l’échange individuel (intérieur/extérieur) avant toute autre dimension qu’elle soit familiale, communautaire, sociale, professionnelle, politique, personnelle… La manière dont Jésus mène le combat nous fait découvrir, par contre coup, la tactique habituelle de l’ « ennemi de la nature humaine » qui cherche d’abord à s’insinuer dans nos fragilités.  

« Après avoir jeûné quarante jours et quarante nuits, il eut faim ». Un des lieux de fragilité pour l’homme est qu’il n’est jamais assuré pleinement de sa nourriture, nécessaire à sa subsistance. La question qui se pose à chacun est de savoir « comment trouver cette assurance ? » : en prenant ou en recevant ? Jésus répond en mettant en perspective, cette autre dimension de son être humain qui le constitue, qui nous constitue aussi, celle des ailes qui font exister. « L’homme doit vivre de toute parole qui sort de la bouche de Dieu », le lieu de sa véritable assurance. Aussitôt, percevant Jésus assuré dans son être malgré la fragilité de sa subsistance, le Diable rebondit sur la réponse de Jésus. « Si tu es le Fils de Dieu, jette-toi en bas ». Lorsque l’être humain est assuré dans son être, émerge en lui le désir d’exister, d’exprimer ce qu’il porte en lui, d’honorer ce qui fait sens pour lui. Victor Frankl l’a bien établi (1). La question de savoir comment assurer l’expression de son identité offre deux voies de réponse : en imposant l’image intérieure de son identité ou en la recevant de la relation avec autrui ? Pour Jésus, aucune mise à l’épreuve [ou forçage] de l’extérieur pour conforter la perception intérieure mais la confiance que ce qui est éprouvée intérieurement sera conforté extérieurement par Dieu en son temps.  

Alors le Diable, après avoir attaqué les racines puis les ailes, fait un saut quantitatif dans ses offres, saut qui signe une déraison. Il s’agit maintenant de pas moins que tous les royaumes de la terre… Devant cet excès criant, Jésus dénonce celui qui se manifeste : « Arrière Satan » et proclame : « C’est le Seigneur Dieu, lui seul que tu adoreras ». Tout redevient alors normal, sain, en relation, les anges servent Jésus. Intérieur et extérieur communiquent dans la paix. L’humble serviteur n’a pas dérogé à son appel, il a été patient, son droit a subsisté ; le Satan, quant à lui, s’est montré et s’est effondré, sans impact, vide, insignifiant… La louange peut se répandre sur la Terre comme au Ciel.  

Publié par père Jean-Luc Fabre, extrait du site https://jardinierdedieu.fr/

(1)   Victor E. Frankl Découvrir un sens à sa vie, Ed. de l’Homme, Trad. Clifford J. Bacon et Louise Drolet, 1988  

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