Le récit de la Nativité est traversé par deux logiques de puissance, celle d’Auguste qui anime « en ces jours-là » l’espace de son empire pour qu’il se recense et se compte, en se repliant et en se figeant sur lui-même… « Chacun allait se faire inscrire dans sa ville d’origine » et celle de Dieu qui anime et rythme le temps, ouvre et élargit l’espace… « Or, pendant qu’ils étaient là, arrivèrent les jours où elle devait enfanter »… du neuf surgit, du non prévu, du non compté à qui il faudra bien donner place…
En effet, si l’espace social semble se refuser à la nouveauté, « il n’y avait pas de place pour eux dans la salle commune », cette dernière devient centre appelant de la terre et du ciel, des anges et des hommes… « Il y eut avec l’ange une troupe céleste innombrable, qui louait Dieu ». Le signe donné de ce basculement pour toute vie : « un nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire ».
Noël est appel pour chacun à accueillir la nouveauté en sa vie, quel que soit son âge, quelle que soit sa condition… Le Dieu qui ne cesse de faire surgir le neuf en chacun de nous, Il vient à nous, sous le sceau de la fragilité, de « l’enfant nouveau-né emmailloté ». Il nous appelle à quitter ce que nous possédons, pouvons recenser, mesurer pour nous tourner vers ce qui advient, surgit… Allons contempler l’enfant nouveau-né. Ouvrons-nous, comme un petit pauvre, à la joie qu’Il transmet, accueillons l’espérance… Donnons-lui place…
« La venue du Seigneur ne peut donc avoir d’autre but que celui de nous enseigner à voir et à aimer les événements, le monde et tout ce qui l’entoure, avec les yeux mêmes de Dieu. Le Verbe fait enfant nous aide à comprendre la manière d’agir de Dieu, afin que nous soyons capables de nous laisser toujours plus transformer par sa bonté et par son infinie miséricorde. » Benoît XVI Audience générale du 22 décembre 2010.
Père Jean-Luc Fabre, extrait du site https://jardinierdedieu.fr/