Aujourd’hui, petite méditation sur l’angoisse !

Intro Luc 12 et 13
Tout au long du mois d’aout, nous lisons les chapitres 12 et 13 de St Luc. Essentiellement le Chapitre 12 Au cœur de ce chapitre, nous sommes à l’un des rendez-vous du propos de Jésus. Une énorme
confidence. Il livre à ses disciples la raison pour laquelle il a quitté le ciel pour venir sur la terre. La
raison pour laquelle il a quitté le sein du Père pour vivre la condition des hommes ! « Je suis venu
allumer un feu sur la terre, et comme il me tarde qu’il soit allumé ! »
Cette confidence nous apporte une lumière pour écouter toutes les paroles de ces chapitres 12 et 13.
En quelque sorte la clé d’interprétation pour nous aider à comprendre tant les gestes que les paroles
de Jésus. Peut-être ses impatiences aussi !
Quel ardent amour pour les hommes ! Pour les hommes individuellement. Et pour le devenir de
notre humanité toute entière ! « Je suis venu apporter un feu sur la terre, et comme je voudrais qu’il
soit déjà allumé ! Je dois recevoir un baptême, et quelle angoisse est la mienne jusqu’à ce qu’il soit
accompli ! »

L’angoisse est-elle toujours négative ?
Je pense que trop souvent nous ne savons pas interpréter l’angoisse. Car il est des angoisses qui sont
l’expression d’un intense amour.
L’angoisse de la mère pour son enfant – parfois excessive ou maladive, tout au moins possessive – est
la plupart du temps la manifestation de son extrême amour. Le stress de l’enseignant en entrant
dans la salle de classe, c’est la manifestation de l’extrême estime qu’il entretient pour ses élèves. Ou
le trac de l’organiste qui prend place à la tribune de l’orgue avant la messe, n’est-ce pas le signe
d’une vraie conscience de la transcendance de Dieu ! Non l’angoisse n’est pas forcément négative. Ni
le stress. Pas plus que l’anxiété ou le trac…

Quelle est l’angoisse de Jésus ?
« Je dois recevoir un baptême, et quelle angoisse est la mienne jusqu’à ce qu’il soit accompli ! »
Quand Jésus affirme qu’il a hâte que son baptême soit accompli, il ne parle pas d’une belle
cérémonie liturgique. Il parle de son rejet à venir. De sa condamnation. De sa souffrance pour notre
salut, de sa mort et de sa résurrection. Il sait très bien ce qui l’attend. La preuve c’est qu’un peu plus
tard, il dira à Jacques et Jean : « Pouvez-vous boire la coupe que je vais boire et être baptisés du
baptême dont je vais être baptisé ? » (Mc 10, 22) Il reste dubitatif quant au fait que ses disciples
aient le cran pour vivre sa passion. Et de fait ils n’en ont pas la force d’âme. Tous s’éclipseront à
l’heure du calvaire.
Il est bouleversant qu’en connaissance de cause Jésus ait hâte qu’advienne l’heure de sa passion.
Non seulement qu’il ait hâte. Mais qu’il soit travaillé par une sainte angoisse, une angoisse d’amour.
C’est vertigineux. Cela nous dépasse, Cela nous plonge dans la perplexité. Peut-être aussi dans la
Contemplation.

Ma propre angoisse
Cela éclaire de manière nouvelle mon rapport à ma propre angoisse. Trop souvent l’angoisse me
coupe de l’amour. L’angoisse me coupe de la relation à l’autre. L’anxiété me barre la route et
m’empêche de me projeter et de faire des projets. L’angoisse m’enferme. Stérile.
Seigneur comment se fait-il qu’en toi l’amour est plus puissant que l’angoisse. On dirait que – en toi –
l’amour prend l’angoisse par en dessous, la soulève et lui donne sens et fécondité ! Et je comprends
ton appel : venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau. Prenez sur vous mon joug. Car
je suis doux et humble de cœur. Et vous trouverez le repos.

Identifier mon angoisse
Frères, Je pense que chacun de nous serait bien inspiré d’identifier ce qui l’angoisse le plus dans la
vie. Mais vraiment de l’identifier. Car très souvent, très très souvent, ce qui nous angoisse le plus, on
l’occulte. On ne veut pas le voir. Ça nous fait peur. Dans notre esprit, c’est un peu tabou. Eh bien
identifier ce qui m’angoisse le plus dans la vie, et laisser Jésus passer sa main en-dessous avec
amour. Ça ne fait pas disparaître l’angoisse, mais ça lui donne un sens, une orientation. Alors ça
devient une angoisse d’amour. Elle est féconde.
Nous-mêmes face au danger on aspire à ce que le danger disparaisse et que le péril s’éloigne. A
l’inverse Jésus veut aller au-devant de son destin. Dans l’épreuve il n’est pas seul, dans la crise il
accomplit sa destinée.

L’angoisse des saints
Le témoignage des saints nous enseigne aussi sur la signification de l’angoisse. St Ignace de Loyola est
angoissé de tempérament. Cette angoisse, assumée profondément dans la relation au Christ devient
une puissante ardeur qui le meut vers la mission et l’évangélisation.
St Jean de la Croix a conscience que l’amour est un risque à prendre et qu’i nous mène vers des
angoisses. « Celui qui se livre à l’amour se livre à toutes les angoisses ». Lui-même s’est totalement
livré à l’amour. Après avoir pâtit, il confesse : « Je me suis livré à l’amour et je ne me repends pas ! »
Quand à Bernanos, il affirme dans le « journal d’un curé de Campagne : « Je crois, je suis sûr, que
beaucoup d’hommes n’engagent jamais leur être, leur sincérité profonde. Ils vivent à la surface
d’eux-mêmes, et le sol humain est si riche que cette mince couche superficielle suffit pour une
maigre moisson, qui donne l’illusion d’une véritable destinée » (Ed Poche, p. 133).

Pour qui je me lève le matin ?
Lorsque j’étais aumônier en Sorbonne, l’un des étudiants déclara, avec une calme assurance qui
emporte l’adhésion : « La seule chose qui compte dans la vie, c’est de savoir pour qui je me lève le
matin ». T’es-tu déjà posé cette question : pour qui je me lève le matin ?
Bonne question : pour qui est-ce que je me lève le matin ? L’un se lève en pensant à l’ami qu’il va
retrouver au lycée. Un autre se lève en pensant aux soucis familiaux qui vont habiter son esprit toute
la journée. Un troisième se lève en pensant à l’ami intime avec qui la rupture fait encore mal. Un
autre est délégué de classe ou chef scout et il pense aux camarades dont il sent la responsabilité. Il y
a aussi celui qui, sans l’exprimer, porte la cause de l’environnement de notre planète et des
générations futures. Y a-t-il une question plus existentielle que celle-ci : « Pour qui est-ce que je me
lève le matin » ? Hélas pour celui qui ne sait pas pour qui il se lève, car la journée sera longue ; et dès
le lever, elle sera pénible !
Est-il déplacé de nous poser aussi la question : « Et Jésus, pour qui se levait-il le matin ? ». Qui avait-il
à l’esprit en se levant ? Peut-être bien la parole du psaume : « Dieu, tu es mon Dieu, je te cherche dès
l’aube, mon âme a soif de toi » (Ps 62, 2).
La tentation, c’est de se lever comme une bête ; comme un animal. De se lever par instinct. Sans
esprit. La tentation, c’est de vivre sans intention. Sans perspective. Sans projet.
Le secret du bonheur, c’est de faire de mon lever une offrande. Un don.

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