Conte de Noël,      A la bonne heure

Madame Robert habite à l’autre bout du village, à côté de l’arrêt de bus. Heureusement, d’ailleurs! Car de sa fenêtre, elle aperçoit les allées et venues des voyageurs, et elle connaît les horaires mieux que personne. Vous avez deviné qu’elle aime la vie, son prochain et les visites. En cette journée de la fin du mois de décembre, ses yeux se posent sur la crèche devant la cheminée: « Ce n’est quand même pas moi qui laisserais le petit Jésus dehors, dans le froid… ni Marie ni Joseph! Je les accueillerais, leur ferais un bon café, un bon repas, préparerais un bon lit et puis j’arrangerais tout de manière à ce que, lorsque les bergers arrivent, ils entrent en enlevant leurs sabots », se dit-elle en regardant son carrelage luisant, « et puis, je … »                                                             

La voilà endormie dans son fauteuil, Madame Robert. « Madame Robert, tu sais, demain je viendrai chez toi, à un moment inattendu, mais je viendrai.» Madame Robert, dans son rêve, se voit nettoyant les vitres, secouant les coussins, brossant, astiquant, frottant, cuisinant dans la joie de recevoir demain le petit Jésus chez elle, en la journée de Noël. Tôt le matin, la voilà réalisant son programme et, à neuf heure du matin, elle est prête: la cheminée ronronne, le café chuchote sur le poêle et l’odeur des petits fours embaume la maison. « Tiens, voici le premier bus, et c’est Philomène qui en descend. Si je l’invitais à boire une bonne tasse de café? Venez, entrez, y a pas de dérangement, j’attends une visite. Non, non, je ne sais pas quand, mais vous reprendrez bien une deuxième jatte de café? Et de ma tarte au riz ? » Ah, c’est le deuxième bus avec René, le gentil nouveau voisin, qui vient d’un peu plus loin, de l’autre côté de … ben oui, du côté des voisins du nord : « Kom maar binnen, René en zit U maar t’is froid pour de seizoen ma c’est une fois décembre ni waar? Encore une koeke? C’est sans façons » Et René s’en va tout content de l’accueil de sa nouvelle voisine. « Ah, vous voilà, facteur! Vous prendrez bien un petit café et peut-être une petite goutte en plus : du péquet, ce n’est qu’une fois par an… « Un peu plus tard, Madame Robert voit arriver les filles de sa voisine. Puis une jeune dame avec son enfant qui a une bronchite et qui repart avec une écharpe qu’elle a tricoté. Et aussi la grosse bavarde du village: « Mais oui, entrez, Gertrude! Venez prendre un petit morceau de tarte au riz. Oui, j’attends le petit Jésus, il m’a promis de venir aujourd’hui. Non je ne suis pas folle ; j’attends, il viendra.» Et toute la journée, la mère Robert ouvre sa porte et ne pense plus à son carrelage souillé, les morceaux de biscuits écrasés sur le tapis et le la boue sur le paillasson. « Oh le dernier bus est passé, et le petit Jésus n’est pas venu, et pourtant, j’ai fait entrer tous ceux qui sont passés devant ma porte », se dit madame Robert, exténuée, qui s’écroule sur son fauteuil. Elle a de grosses larmes dans les yeux et une grande tristesse l’envahit. Tout à coup, la pièce se remplit de tous ceux qu’elle a accueillis tout au long de la journée : René, Philomène, la grosse bavarde, les enfants de la voisine, la jeune dame et son enfant, et le facteur qui lui tend une lettre.

Elle l’ouvre et lit: « Tout ce que vous avez fait au plus petit d’entre les miens, c’est à moi que vous l’avez fait. »

Homélie

Ils ne l’attendaient pas. Ou si peu. Par habitude ! Sans plus ! Et Dieu a fait irruption dans leur vie, dans leurs histoires, dans leurs habitudes. Et Jésus est venu comme un gamin des faubourgs, un petit enfant. Nomade, de passage, banal somme toute. Ils ne l’ont pas reconnu, ils ne l’ont pas vu venir, tellement ils croyaient que Dieu est puissant, extraordinaire, loin de leur quotidien.

As-tu reconnu l’enfant comme un cadeau de Noël, le don de Dieu ? Le Christ, ce vieillard, ce malade, cet étranger, ce prisonnier qui lui tiennent à cœur, au point qu’il les regarde un peu comme son image, publique, humaine, sociale. C’est toujours la même chose, nous faisons de Noël et de Dieu un rêve, celui de l’enfant-roi, comblé de suffisance, de possession et de domination. Enfants gâtés que nous sommes ou voudrions toujours être des gagneurs éternels du loto de l’existence.

À Noël, plus que jamais Jésus se fait humble et doux de cœur, inaccessible aux grands, lointain pour les orgueilleux, simple pour les gens compliqués. L’incarnation continue. Le Christ fait son ciel sur la terre, c’est dans le quotidien que nous le rencontrons.

Alors, nous balbutions une prière. Non pas pour nous, mais pour Lui, qu’il soit reconnu par les bergers de toutes sortes de troupeaux et par les mages modernes, tous ces chercheurs de sens et de fraternité. Bon Noël dans la rencontre du Christ en quelques-uns de nos frères inconnus, mal reçus comme l’enfant de Bethléem, et espérant un regard de chrétien : « Paix aux hommes de bonne volonté »

Extrait du site https://notredamedes3vallees.be/

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