Evangile selon St Matthieu (5,1-12a) (Les béatitudes !)
Extrait du site https://www.diocese-grenoble-vienne.fr
Quand j’étais petit, je voulais devenir un saint.
Et oui chacun ses ambitions !
Mon ambition à moi, c’était la sainteté.
Oh bien sûr, ce n’était pas tout à fait désintéressé de ma part.
En fait, on m’avait expliqué que les saints vivaient au Paradis.
Donc, comme ça, en devenant saint, j’étais sûr d’échapper aux flammes de l’Enfer.
Pour bien commencer ma vie de saint, j’ai fait quelques efforts, comme partager ma barre de chocolat au goûter, ou des petites choses de ce genre.
Mais bon, je savais bien que ça ne suffisait pas.
Et surtout, chaque jour, je faisais beaucoup trop de bêtises pour espérer devenir saint.
Bref, le niveau était trop élevé pour moi.
J’ai donc abandonné toute ambition de sainteté, et j’ai décidé de devenir boxeur, ce qui me paraissait un peu plus simple.
Je n’ai jamais été boxeur !
Si je vous parle de tout cela, ce n’est pas d’abord pour le plaisir d’évoquer des souvenirs d’enfance, c’est d’abord pour nous aider à réfléchir ensemble en ce jour où nous fêtons Toussaint, tous les saints.
Un saint, c’est quoi? La sainteté, c’est quoi?
Souvent, trop souvent, nous pensons que la sainteté c’est la perfection morale sans faille.
Pour être saint, il faut vivre comme un héros de vertu.
Mais une telle conception ne peut qu’aboutir qu’à un profond découragement, comme pour moi quand j’étais gosse.
Pour vivre les Béatitudes, il faudrait être pauvre comme François d’Assise, doux comme François de Sales, avoir faim et soif de justice comme Oscar Roméro, mystique comme Jean de la Croix, miséricordieux comme Mère Teresa.
De toute évidence, c’est là chose impossible, du moins pour la plus grande majorité d’entre nous qui n’avons pas reçu les dons exceptionnels de ces grandes figures de l’Eglise.
Heureusement, la sainteté, ce n’est pas cela.
Nous croyons qu’être saint, c’est tout faire pour nous rapprocher de Dieu…
Et bien non! Être saint, c’est laisser Dieu se rapprocher de nous.
Être saint, ce n’est pas « travailler » pour Dieu, c’est laisser Dieu travailler en nous.
« Heureux les pauvres de cœur », proclame le Christ.
Par définition, le pauvre est dans le besoin, il lui manque quelque chose… ou quelqu’un.
Le pauvre de cœur sait que son cœur n’est pas comblé, qu’il est en manque.
Être pauvre de cœur, c’est se faire mendiant, c’est garder son cœur ouvert pour que l’amour de Dieu puisse y prendre toute sa place.
La sainteté, ce n’est pas un plus, c’est un moins.
Ce n’est pas avoir je ne sais quel trésor de vertu ou de courage.
Non, c’est être en manque, être dans le besoin, être mendiant.
Mendiant de l’amour de Dieu, mendiant de l’amour des autres.
La sainteté, c’est laisser le cœur de Dieu battre dans notre propre cœur.
Qui que nous soyons, quelles que soient nos forces, nos faiblesses, nos qualités, nos défauts, ayons le seul courage d’être des pauvres, des pauvres de cœur, laissons Dieu se rapprocher de nous, laissons son amour venir demeurer en nous.
Voilà l’unique chemin de la sainteté.
Le Christ conclut: « Le Royaume des cieux est à eux ».
Vous avez remarqué? Il ne parle pas au futur, mais au présent.
« Le Royaume des cieux est à eux ».
Ce n’est pas pour plus tard, une vague promesse du genre « demain, on rase gratis ».
Non, c’est maintenant, c’est aujourd’hui que nous pouvons découvrir et vivre la joie du Royaume.
La joie de Dieu qui vient vivre en nous comme le Christ est venu vivre parmi nous.
Et notre joie, puisque nous vivons en Dieu.