Homélie pour le 6ème Dimanche de Pâques (Jean 14, 23-29)
Vous vous rappelez, sans doute, de cette fable de La Fontaine que nous avons apprise quand nous étions enfants :
« Un riche laboureur, sentant sa mort prochaine fit venir ses enfants, leur parla sans témoins. Gardez-vous, leur dit-il, de vendre l‘héritage que nous ont laissé nos parents un trésor est caché dedans. »
Ce soir-là, Jésus, lui aussi, a senti sa mort prochaine, tant il était harcelé par ses ennemis, pharisiens, docteurs de la Loi, grands Prêtres. Lui aussi a réuni ses plus proches pour leur confier un trésor : le trésor de la Parole de Dieu. Le Testament que Jésus confie à ses apôtres, avant de les quitter, c’est la Parole de Dieu. Elle est précieuse cette parole ; c’est un véritable trésor.
Il n‘avait rien d’autre à leur confier. Il a vécu pauvrement; il n‘avait pas une pierre où repose sa tête. Mais il avait la plus grande des richesses, la Parole que son Père lui a confiée, à lui Le Verbe de Dieu qui s’est fait chair, comme le dit St Jean, la Parole de Dieu qui a pris visage humain. C’est le plus grand trésor que notre Père du ciel nous ait confié.
Des paroles, nous en entendons beaucoup.
Il y a la parole qui devrait servir à nous informer. Chaque jour les radios et les télés déversent sur nous une multitude de paroles, en mélangeant souvent l’important et le futile, le vital et l’accessoire. En particulier les chaînes d’information en continu. On est tellement saoulé de paroles qu’à la fin on ne retient plus rien du tout. J’ai constaté que des moines ou des moniales, retirés dans leur couvent, qui regardent très peu la télé, sont parfois mieux informés que nous sur l’essentiel de ce qui fait la vie du monde.
Il y a la parole de propagande électorale. Dans ces périodes, les hommes politiques ont de magnifiques paroles pour promettre une vie meilleure, le recul du chômage, du travail pour les jeunes, la protection de l’environnement etc… Souvent on attend vainement les actes.
Il y a les paroles de la publicité, qui sont déversées sur nous et en particulier sur les enfants, avec des images qui les manipulent, dans le seul but de nous influencer pour vendre des marchandises.
Il y a une forme de parole que j ‘appelle la parole « créatrice » Un exemple : dire à quelqu’un « je t’aime », vous sentez bien que c’est plus qu’une information. C’est une parole qui fait grandir, c’est une parole qui construit. Il nous est arrivé à chacun, j’espère, de recevoir une parole vitale, de la part d’un père, d’une mère, d’un ami.
La Parole de Jésus, le soir du jeudi saint est une parole vitale, une parole de vie.
« Si quelqu’un m’aime, dit Jésus, il gardera ma parole. » Il va conserver cette parole, la garder précieusement, comme un trésor qu’il découvert caché dans un champ
Le Père Chevrier, fondateur des prêtres du Prado, disait : « Celui qui a trouvé Jésus Christ, a trouvé le plus grand trésor, il a trouvé la sagesse, la lumière, la vie, la paix, la joie, le bonheur.
Qu’avons-nous à faire, disait-il, sinon d’étudier Notre Seigneur Jésus Christ, d’écouter sa parole, d’examiner ses actions, afin de nous conformer à lui et de nous remplir du saint Esprit.
L’Esprit de Dieu est répandu dans toute la vie de Jésus, dans ses Paroles, dans toutes ses actions. Chaque Parole de Jésus, chaque exemple est comme un rayon de lumière qui vient du ciel pour nous éclairer et nous donner la vie.
Celui qui veut se remplir de l’Esprit de Dieu doit lire l’Evangile chaque jour : relire ses paroles, ses actes, sa vie. Voilà la source où nous trouverons la vie l’Esprit de Dieu. »
Qu’avons-nous à faire ? Lire la Parole de Dieu dans l’Evangile. La faire entrer dans notre intelligence, dans notre cœur, dans notre vie. Garder la Parole, c’est la comprendre dans le contexte de l’évangile, de la Bible. Garder la Parole, c’est la comprendre dans le contexte du monde d’aujourd’hui, parce que Dieu nous parle aujourd’hui. C’est laisser cette Parole transformer notre manière de penser, pour entrer dans les pensées de Dieu. Garder la Parole de Dieu, c’est laisser les mots de Jésus, les actes de Jésus entrer dans notre cœur, pour agir dans l’Esprit de Jésus, pour prendre des décisions centrées sur le Christ et non pas sur nos émotions. Peut-être nous rappeler, avec notre intelligence, tel ou tel verset de l’Evangile, telle ou telle parole de Jésus, pour qu’elle entre dans notre cœur, dans nos émotions, nos joies, nos peines, qu’elle les transforme pour nous aider à agir dans l’esprit de Jésus.
Pas besoin d’attendre la fête de la Pentecôte ; c’est aujourd’hui, c’est chaque jour que le Père nous donne l’Esprit Saint, qui nous aide à comprendre les paroles de Jésus. Il nous donne le Défenseur, contre tout ce qui pourrait faire obstacle au fait que la Parole de Dieu habite en nous.
Ainsi le Père nous aimera, et nous vivrons dans la communion du Père et du Fils, nous vivrons dans la communion du Dieu d’Amour.
Père Joseph STENGER, extrait du site https://www.paroissesmutzig.com/
