« Il vit et il crut »

On pourrait imaginer que les hommes sont plus courageux que les femmes et pourtant c’est une femme, Marie-Madeleine, qui se met en route la première pour chercher Jésus, alors qu’il fait encore nuit, nous dit Saint Jean (Jn 20,1) ! Avez-vous remarqué que nous assistons à de véritables sprints en ce dimanche de Pâques ! Tout le monde court ! On court… non pas pour remporter des victoires ou des médailles… On court pour faire le saut de la foi : « Il vit et il crut », nous dit l’Evangile.

Cet autre disciple qui court avec Pierre, c’est Jean, le disciple de Jésus. Il court et il voit. Mais que voit-il ? Il voit – c’est-à-dire qu’il comprend – que le corps de Jésus n’a pas été enlevé mais que Jésus est bien ressuscité. Le verbe « voir » ici est associé au verbe « comprendre ». C’est comme quand nous disons : « ah oui, je vois bien maintenant… ». L’évangile note en effet que, jusque là, les disciples n’avaient pas vu, c’est-à-dire : « pas compris », que d’après l’Écriture il fallait que Jésus ressuscite d’entre les morts. »

Ne nous trompons pas : croire en la résurrection n’est pas une chose évidente ! La victoire de la VIE sur toutes les puissances de la mort est un évènement tellement extraordinaire, qu’il nous faut du temps pour croire et sur ce point, nous sommes lents… Nous ressemblons terriblement aux disciples de Jésus qui étaient eux aussi, lents à croire. Et pourtant c’est bien cela que nous célébrons aujourd’hui en cette grande fête de Pâques : la victoire de la Vie sur la mort.

Dans le Nouveau Testament, le verbe « ressusciter » traduit deux verbes grecs qui veulent dire « se lever, se mettre debout » ou « se réveiller, sortir de son sommeil ». Oui, il est temps de sortir de notre sommeil et de vivre dans le concret de nos existences ce passage du doute vers la foi, des ténèbres vers la Lumière, des puissances de mort vers les puissances de la Vie.

Souvenez-vous, dimanche dernier : « Eli ! Eli ! Lema… » s’écriait Jésus sur le bois de la Croix au moment de sa Passion. Et trois jours après sa mort, Dieu ressuscite Jésus pour dire au monde entier que ce n’est pas la violence, le mépris, la mort qui ont le dernier mot… mais bien l’AMOUR de Dieu qui ressuscite son Fils Jésus.

Courir pour faire le saut de la foi… Voilà un sport original et exigent ! Il faut de l’entraînement. Car, contrairement à ce que l’on pourrait penser, ce n’est pas si facile que cela de s’abandonner entièrement dans les bras de Dieu qui vient à notre rencontre chaque jour pour nous dire : « je t’aime comme tu es. Viens, suis-moi. Je ferai route avec toi et je ne t’abandonnerai pas ».

 La résurrection du Christ, préfigure bien, notre propre résurrection. Mais n’attendons pas d’être mort pour vivre de la vie même de Dieu. Croire à la résurrection du Christ, ce n’est pas seulement croire en la promesse d’une vie éternelle après la mort ! C’est croire qu’il y a, au cœur même de notre vie, un principe de renaissance qui peut retourner les choses. Chaque jour, dans les petites choses ordinaires du quotidien, nous pouvons vivre de ce grand Mystère Pascal. Toute notre existence peut devenir avec le Christ un passage de la mort à la vie. C’est cela devenir disciple du Christ et témoigner de son Amour. Il ne suffit pas de proclamer « Christ est Vivant, Christ est ressuscité. Alléluia ». Cette acclamation n’a de sens que si elle s’incarne dans notre chair et dans notre sang, dans nos gestes et nos actes, dans nos paroles et nos engagements, dans nos choix et nos décisions jour après jour. Chanter « Christ est Vivant, Alléluia », c’est engager notre histoire personnelle à la suite du Christ Ressuscité et témoigner, sans peur, de notre foi, au cœur de ce monde tel qu’il est.

Courir vers et tendre à : voilà deux verbes d’action !

Courir… pour voir et croire. Tendre… vers les réalités d’en haut et non pas vers celles de la terre, décevantes…

Garder les pieds sur terre, oui, pour marcher chaque jour à la suite du Christ Ressuscité.

Voilà, en langage simple,  des orientations pascales extraordinaires.

Alors, à chacun de nous de nous mettre sur la ligne de départ pour remporter une seule course : celle  de l’Amour à travers tout.

Joyeuse Pâques !

Par dom Ginepro, extrait du site https://www.abbaye-tamie.com/

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