Homélie :
Nous entrons aujourd’hui dans le temps du Carême. » c’est maintenant le temps favorable, c’est maintenant le temps du Salut. » nous dit l’apôtre Paul. Bien souvent on assimile le temps du Carême a un temps de tristesse. Si nous le regardons avec les yeux du monde, c’est vrai, car nous sommes appelés à ne pas rechercher les satisfactions immédiates qui nous sollicitent de tous côtés. C’est un temps où nous désirons nous rendre plus proche de Dieu et où Dieu nous attend déjà pour revivre avec nous la Pâque de son fils, la fête de notre Salut. Et comme nous le lisons dans la règle, les recommandations de Saint-Benoît ont pour but de nous faire attendre la sainte Pâque dans la joie du désir spirituel.
En nous arrêtant au début du Carême au milieu de nos activités habituelles, nous sommes invités à nous recueillir, à entrer en nous-même pour examiner nos vies, pour faire silence, pour écouter plus attentivement la voix du Seigneur qui nous parle dans les Écritures, dans la vie de l’Eglise, dans les rencontres et les événements du monde. Il est bon de reconnaître notre situation réelle par rapport au Seigneur, d’examiner si nos paroles et nos actes correspondent à sa volonté. Bientôt nous verrons le fils prodigue faire retour sur lui-même et sa vie de désordre pour retourner chez son père.
Le carême, en effet, être un temps de conversion. Le prophète Joël vient de lancer un appel vibrant à son peuple : » Déchirez vos cœurs et non vos vêtements, revenez au Seigneur votre Dieu, car il est tendre et miséricordieux, lent à la colère et plein d’amour, renonçant au châtiment. » Le Seigneur est prêt à nous accueillir si nous revenons à lui. Il nous attend. Comme le chante le psaume 50, le vrai sacrifice, c’est un cœur broyé. » un cœur brisé, broyé, Seigneur tu l’agrées. »
C’est cette attitude de repentir – c’est cela la conversion, le retour – qui permet la réconciliation. L’enfant prodigue se jette dans les bras ouverts de son Père. « Laissez-vous réconcilier avec Dieu » nous dit l’apôtre Paul. Reconnaissons son action en nos cœurs, la réconciliation n’est pas l’œuvre de nos mains. Nous risquerions alors de nous en attribuer le mérite, un mérite qui pourrait être fragile et éphémère. Laissons-nous conduire par la grâce de Dieu. C’est Lui qui nous inspire de revenir à Lui, qui nous attire par les prévenances de son amour dont il ne cesse de jalonner nos vies. Il nous faut faire taire les bruits du monde qui nous assaillent et l’agitation de nos cœurs pour pouvoir les discerner, dans la prière et l’écoute de sa Parole.
Pour cela, Jésus nous prodigue un conseil : Faire la vérité en nous, ne pas nous comporter avec duplicité, ne pas rechercher notre intérêt, mais agir pour Dieu, avec droiture et sincérité. Jésus dénonce la fausse aumône, la fausse prière, le faux jeûne, ces attitudes où l’on recherche la considération des hommes et qui sont des impasses. Au contraire, ce que tu fais, nous dit-il, fais-le dans secret : « Ton Père, qui voit dans le secret, te le revaudra. » Nous aurons ainsi une relation juste et vraie avec Dieu dans la prière humble et confiante, avec nos frères, par une charité sincère et discrète, avec nous-mêmes par une juste distance vis-à-vis des biens. Ainsi nos cœurs seront purifiés et seront préparés à la joie pascale.
Telle est l’invitation qui nous est adressée au début du Carême. Préparons nos cœurs en les ouvrant à la grâce du Christ. Marchons à sa suite vers Jérusalem, pour participer à sa mort et à sa résurrection.
Frère Claude
Prieur du Bec, extrait du site https://abbayedubec.org/
