Mc 1,21-28
Depuis le début de l’Évangile selon Saint Marc nous avons entendu différents titres attribués à Jésus. Dès le premier verset Marc nous annonce le commencement de l’Évangile de « Jésus-Christ, Fils de Dieu », puis lors de son Baptême, la voix du Père qui s’adresse à son « Fils bien aimé », et maintenant dans la Synagogue de Capharnaüm, l’esprit impur qui lui dit : « Je sais qui tu es : Le Saint de Dieu. »
Des titres qui vont s’étoffer tout au long de la vie de Jésus et tout au long de l’Évangile pour culminer dans celui de « Ressuscité. »
Jésus est unique pour chacun de nous. Et en même temps nous nous adressons à lui chacun à notre façon. Notre frère, notre Seigneur, notre Dieu, Celui qui a pour nous les paroles qui font vivre. Tout est beau, tout est juste.
Et pourtant aucun nom ne peut saisir le mystère du Christ. Il est l’arbre de la vie planté au milieu du jardin de la Création toute neuve. Un arbre auquel le Seigneur demande à Adam de ne pas manger le fruit. Un arbre qu’ils sont invités à contempler, sans rien arracher. Simplement s’en approcher pour en recevoir le parfum et s’émerveiller devant sa beauté, sa force, sa gratuité. Il est là immense au milieu du jardin. Le grand jardin s’articule autour de l’arbre de la vie. IL vaut mieux ne pas se saisir des fruits car ils vont prendre le temps de mûrir et nous avons besoin de ce temps pour en gouter toute la saveur.
L’Arbre de la vie qui est aussi l’arbre de la connaissance du bonheur et du malheur se contemple car il nous faut beaucoup de temps pour expérimenter ce qui dans nos vie est source de bonheur ou de malheur. Il nous faut toute une vie pour approcher le mystère de ceux qui nous entourent et pour nous connaître intimement nous – même. Et il nous faut toute une vie pour recevoir jour après jour le mystère de Jésus et le don de sa vie pour chacun de nous.
A Capharnaüm c’est l’inverse qui se passe. Jésus impressionne l’assemblée par son enseignement et son autorité. Un homme habité par un esprit impur se met à crier « Tu es le Saint de Dieu ». Et Jésus l’interpelle vivement : « Tais- toi, sors de cet homme ! »
Notre Seigneur connait le cœur de l’homme. Il sait l’enthousiasme et la dévotion que sa présence peut susciter. Comme cela se passe pour toute personne qui a du talent et du charisme. Il connaît les débordements possibles, les ambiguïtés suscitées par ce genre de réputation. Le Seigneur n’est pas venu pour susciter l’enthousiasme des foules. IL est sorti du cœur de Dieu pour venir à la rencontre de chacun et lui proposer d’accueillir dans son cœur sa présence de paix et d’amour.
Et cela prend du temps.
L’esprit impur brûle les étapes. Or pour pouvoir reconnaitre Jésus comme le Saint de Dieu, comme celui dont la présence sanctifie nos vies, il faut passer du temps avec lui.
Comme avec un ami.
Les disciples ont passés du temps avec Jésus. Ils ne comprenaient pas tout de ce maître parfois déroutant mais ils marchaient jour après jours à sa suite. Ils ont voulu parfois percer son mystère mais le fruit n’était pas mûr. Alors sans trop comprendre ils ont continué à l’écouter, à prier avec lui, à lui faire de plus en plus de place dans leur vie. Et malgré le choc de sa Passion et de sa mort et aussi le traumatisme de leur abandon, ils ont pu le reconnaitre, grâce à l’envoi de son Esprit, comme Seigneur, comme leur seul Seigneur.
Il leur a fallu tout ce temps avec les joies, les espoirs, les doutes, les déceptions, les trahisons, la mort aussi, tout ce temps pour pouvoir accueillir dans leur cœur la certitude que Jésus était venu du cœur de Dieu et serait pour toujours Le Vivant.
Comme Adam avec l’Arbre de la Vie dont il ne faut pas arracher le fruit, n’essayons pas de capter le mystère de Jésus. Prenons chacun le temps de mûrir en sa présence. Prenons le temps de l’écouter, de le prier. Comme un fruit mûr laissons le gonfler dans notre cœur et apprenons une fois pour toute que le Seigneur ne se dévore pas mais se donne en nourriture.
Jésus n’est pas venu pour nous perdre mais pour que chaque jour sa parole, sa présence, sa paix, son amour puisse être une nourriture pour le monde.
Et cela ne pourra se réaliser que si nous acceptons de partager cela avec nos frères.
Extrait du site https://www.rcf.fr/
