Cinq, quatre, trois, deux, un… Mt 25, 14-30

On la connaît si bien, et on la connaît trop, la parabole des talents. Suivant les jours, suivant les caractères et puis les circonstances, on peut s’indigner de l’injustice apparente du maître qui donne plus à l’un et presque rien à l’autre. On peut trembler de sa dureté qui va jusqu’à lui enlever même ce qu’il a. N’oublions pas ce que nous avons vu quand Jésus parle avec les pharisiens : Il emploie leur langage et leur ton, Il les traite comme eux-mêmes traitent les hommes et Dieu. On peut aussi en faire une leçon de morale, en manière d’examen de conscience : est-ce que je fais porter du fruit aux dons que l’on m’a faits ? On peut être tenté, suivant les circonstances, de s’inquiéter avec scrupule, de se rassurer à trop bon compte : ne suis-je pas comme le troisième ? Je me vois bien dans le second… – et on pousse ce que l’on croit humilité à ne jamais se comparer à qui a cinq talents.

Mais regardons moins les serviteurs, regardons aussi le maître, sa merveilleuse et sa lucide générosité. À chacun selon ses forces : autrement dit, chacun a les mains pleines. Pleines de ce qui jamais n’est mérité, car tout nous est donné : « qu’as-tu que tu n’aies reçu ? » dira saint Paul*. Cette parabole nous parle d’abord du maître et de la joie qui est la sienne, joie dans laquelle il veut nous faire entrer, comme l’autre jour dedans la salle des noces. Quels qu’ils soient et quel que soit leur nombre, nos talents ne sont pas une fin en soi, nos talents ce sont les moyens à nous gratuitement donnés pour faire la joie de Dieu et y entrer.

frère Grégoire Laurent-Huyghes-Beaufont, extrait du site https://matthieu.retraitedanslaville.org/

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